Dégradations et résiliences

David, Le sacre de Napoléon © Louvre, cliché RMN

Fontaine, Rotonde décorée de tapisseries, accueillant les invités lors de leur arrivée à Notre-Dame, le 2 décembre 1804, © Fondation Napoléon - Patrice Maurin Berthier

Le retour au culte catholique

Dany Sandron

La cathédrale gothique subit relativement peu de modifications jusqu’au XVIIIe siècle. C’est alors que fut complètement renouvelé le chœur liturgique et le sanctuaire avec l’installation achevée en 1725 d’un nouvel autel orné du groupe sculpté de la Pietà par Nicolas Coustou entre les statues agenouillées de Louis XIII et de Louis XIV en commémoration du « Vœu de Louis XIII » par lequel ce roi, en 1638, avait placé le royaume et sa couronne sous la protection de la Vierge. Dans les décennies suivantes, les murs furent blanchis et les vitraux colorés du Moyen Âge supprimés au profit de verres blancs. Seules les trois grandes roses échappèrent à la destruction.

L’épisode révolutionnaire allait mettre en danger un édifice qui était resté en fonction de manière ininterrompue depuis sa construction. La cathédrale fut fermée au culte catholique du 7 novembre 1792 au 15 août 1795. Durant cette période, elle fut transformée en temple de la Raison pour les célébrations du culte révolutionnaire. Le monument fut frappé par le vandalisme avec la destruction de tous les signes de la royauté, notamment les 28 statues de la Galerie des Rois et quasiment toutes celles des ébrasements des portails de la façade ouest comme du transept. Les débris furent évacués du parvis seulement en 1796. Des découvertes spectaculaires en 1839 et, plus récemment en 1977, ont permis de retrouver des fragments suggestifs du décor statuaire de la cathédrale, exposés désormais au Musée de Cluny.

Même après le rétablissement du culte catholique, ses ministres durent partager la cathédrale avec les théophilanthropes qui obtinrent de célébrer leur culte dans la cathédrale dont ils occupèrent le chœur, les catholiques s’installant dans le bras nord du transept.

Ce n’est qu’au début du XIXe siècle, sous le Consulat, que Notre-Dame retrouva intégralement ses fonctions de temple du catholicisme avec l’entrée en vigueur du Concordat signé avec le pape Pie VII. Le 18 avril 1802, pour marquer l’événement, une grande cérémonie fut célébrée à Notre-Dame en présence du nouvel évêque, Monseigneur de Belloy.

C’est évidemment la fastueuse cérémonie du sacre de Napoléon célébré dans la cathédrale le 2 décembre 1804 qui voit la cathédrale renouer avec les grandes heures de l’histoire nationale. Les travaux d’aménagement et de décor de la cathédrale confiés aux architectes Percier et Fontaine permirent d’y accueillir environ 10 000 personnes, soit le double des capacités d’accueil contemporaines grâce à un système de gradins superposés installés dans les bas-côtés et les tribunes.

Le pape oignit l’empereur qui se couronna lui-même avant de poser le diadème sur la tête de l’impératrice Joséphine, scène immortalisée par le peintre David. A ces rites qui prirent place dans le chœur succéda la prestation des serments constitutionnels pour laquelle l’empereur rejoignit son trône juché au sommet de 24 marches dans la nef, alors que le pape avait rejoint la sacristie.
Les années suivantes virent la multiplication de Te Deum en l’honneur du pouvoir politique, tous les 15 août, date anniversaire de Napoléon qui correspond à la fête de l’Assomption, célébrée avec éclat depuis le Moyen Âge à Notre-Dame, ou pour marquer les victoires militaires de l’empereur. Cette dimension nationale qui renouait avec une tradition séculaire s’est perpétuée jusqu’à nos jours.