Charpente de la nef. Relevé Rémi Fromont et Cédric Trenteseaux, 2014

Charpente du Chœur. Relevé Rémi Fromont et Cédric Trenteseaux, 2014

Charpente du transept © Viollet-le-Duc, Dictionnaire

Restitution des charpentes et des couvertures

Benjamin Mouton

Charpentes médiévales XII^e –XIII^e siècles
La charpente primitive du chœur, de 1185, a été remplacée vers 1226 ; celle de la nef a été construite en 1214. Ces deux charpentes sont constituées de fermes parallèles rapprochées, dites à « chevrons formant fermes », La nef comportait 57 fermes espacées de 0,71m ; le chœur 33 fermes (+24 pour le rond-point), espacées de 0,80m. La portée était respectivement de 14m et de 12,50m, pour une hauteur de12, 25m environ.

Chaque charpente était bâtie d’Ouest en Est, avec des perfectionnements successifs, plus nombreux dans le chœur. Elles ont ensuite reçu des renforcements structurels aux XVIème ou XVIIème siècle, et des réparations au XIXème siècle.

Grace aux relevés de très grande précision, il est possible de reconstituer chaque ferme avec tous ses détails de construction et de renforcements.

En juin 2020, des charpentiers ont taillé dans un chêne abattu six mois auparavant, une ferme de la nef à l’identique dans ses dimensions, sections (décroissantes vers le haut), assemblages (tenons et mortaises), et outils (haches de charpentier). Il n’a fallu que sept jours pour la réaliser ; elle a été dressée ensuite au-devant de la cathédrale. Le résultat est une reproduction exacte de la ferme disparue et permettra l’exercice d’une restitution fidèle.

Les charpentes du XIX^e siècle: 1855-1858, 1860-1862
Pour restaurer les deux pignons Nord et Sud du transept et la flèche, Viollet-le-Duc a dû déposer les charpentes médiévales et les remplacer par une charpente à fermes espacées de 5,50m et reliées par des pannes. L’analyse a montré qu’il s’est inspiré du tracé des fermes de la nef pour les concevoir.

La flèche 1858-1860
Après une analyse rigoureuse des vestiges de la flèche du XIIIème siècle, de ses défaillances structurelles et de sa mise à l’échelle de la cathédrale, Viollet-le-Duc a conçu la flèche neuve avec des renforcements assurant une meilleure stabilité au vent. La conception montre une maîtrise consommée de la structure et de la perspective, en inclinant les poteaux latéraux des arêtes :
« Il faut que, dans un monument aussi élevé et dont la forme générale est aussi grêle, toutes les lignes tendent à s’incliner vers l’axe si l’on veut que rien dans l’ensemble ne vienne contrarier la silhouette… »
Comme pour la charpente du transept, il a utilisé les modes constructifs de son temps : bois sciés, assemblés par moises et boulonnés. Grâce aux plans d’exécution, la reconstitution exacte sera possible.

La couverture en plomb
Le plomb était considéré comme le matériau des cathédrales : le plus durable, le plus cher, le plus noble, mais aussi le plus lourd, assurant avec les charpentes le chargement des murs. Les tables de plomb de 0,60m x 1,10m étaient fixées sur des planchers de bois cloués sur les charpentes et assemblées selon des techniques savantes encore en usage, assurant la bonne dilatation.

La restitution des charpentes, des couvertures en tables de plomb sur les combles et la flèche, avec tous leurs ornements créés par Viollet-le-Duc, rendra à la cathédrale sa toiture précédant l’incendie et une partie essentielle de son authenticité perdue.